mercredi 4 avril 2018

4 avril


C’est pas grave, répétait l’homme comme un mantra, et de fait, dès lors qu’on a survécu à un génocide, les contrariétés du reste de la vie ne paraissent pas mériter qu’on s’y désole outre mesure. On s’adapte, on continue à s’acclimater tel un palmier en exil, on tire son temps comme une peine, longuement, sans se presser.
C’est le moment pour Binh-Dû d’être Binh-Dû. En butte à un vague à l’âme conjoncturel, d’un côté plus humain, d’un autre plus distant. Il y avait une femme qu’il aimait et qui l’aimait, et c’était bon. Cela faisait du chaud au cœur. Mais vient à présent le jour de la rupture – amoureuse –, d’une amoureuse rupture.
Sur l’échiquier un pion s’est avancé sans qu’il y ait de retour possible – définition possible du mouvement. Regret de la partie courant au mat ou à la nulle perpétuelle ? Binh-Dû en tant que tel ne ferait aucun commentaire, il observerait, serein. Il sourirait même, si on lui demandait si l’affaire est douloureuse.