vendredi 23 mars 2018

23 mars


Certains jours Binh-Dû ne sort pas de chez lui. Il ne lui arrive pas grand-chose. Des sensations domestiques, des émotions solitaires, des pensées. Raconter des pensées, ça va un temps, c’est à peine plus valable que raconter un spectacle. Ou un rêve. Il y a des psys pour ça. D’autres jours Binh-Dû s’active de multiples façons, trop pour en raconter quoi que ce soit le lendemain. Il ne voudrait pas être de ceux qui consacrent plus de temps à écrire leur vie qu’à la vivre. Loin au centre de la France vit une femme dont les enfants abordent l’âge des amours adultes. La dernière fois que Binh-Dû et elle se sont vus c’était comme s’ils s’étaient quittés la veille, peut-être même avaient-ils rajeunis vu qu’une vingtaine d’années auparavant ils devaient chacun avoir plus de mille ans. Mais ils étaient si inexpérimentés ! Son ambition à lui était de vivre le roman qu’il deviendrait en mesure d’écrire. Elle trouvait qu’il ressemblait à un personnage, pas nécessairement flatteur. La fidélité croise ses jambes en tailleur, les yeux clos Binh-Dû pressent la solution à tous les maux de l’humanité. Dommage qu’un scribe n’assiste pas à ses révélations pour en retranscrire la logique ! Le silence s'inscrit sur la page blanche.